Entrez dans le rêve… Voyage dans l’univers extravagant du Kabuki

Le mot vient de 3 idéogrammes: ka, signifiant chant, bu, danse et ki, jeu de scène.

KABUKI

Né à la période Edo, à la fin du XVIème siècle, il s’agit d’une des trois formes traditionnelles de théâtre présentes au Japon, les deux autres étant le théâtre Nô et le théâtre de marionnettes (bunraku).

La Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent présente jusqu’au 15 juillet de sublimes costumes de la collection Shôchiku Costume, ainsi que des estampes et des accessoires tels que des ombrelles, sabres, éventails, chaussures et des estampes.

Cette forme de théâtre, inspirée des théâtres de danse et de marionnettes, a des spécificités. Citons notamment:

– 3 catégories de pièces: les pièces historiques appelées jidaimono; les pièces évoquant la vie quotidienne, appelées sewamono; les pièces dansées appelés shosagoto.

– le keshô ou maquillage facial. Le visage est couvert de poudre de riz et les expressions du visage sont rendues par des traits de couleurs.

– seuls les hommes peuvent jouer, un décret de 1629 interdisant les femmes actrices. Les hommes jouant les rôles féminins du répertoire sont appelés les onnagata

– le mi-e, une sorte d’arrêt sur image. L’acteur s’immobilise dans une pose, afin de souligner un temps fort de la pièce.

– les hanamichi, des ponts reliant la scène au public

– les rôles sont transmis de façon héréditaire

Mais les costumes, de toute beauté, constituent la spécificité la plus importante: le costume est bien plus qu’un simple accessoire, c’est lui qui donne des renseignements sur l’âge, la nature, le caractère et la destinée d’un personnage. Dès l’ère Hôei (104-1711), des matières nobles comme la crêpe de soie brodée, le velours, la fourrure d’ours sont utilisées pour la confection. Ils sont très codifiés: le rouge va représenter l’aristocratie, le violet les amoureux. Les motifs sont symboliques: dragon pour les hommes puissants ou encore fleurs de cerisiers pour la pureté.

« La meilleure manière pour un acteur de passer à la postérité est d’être considéré comme l’inventeur du costume définitif d’un personnage du répertoire » (catalogue de l’exposition, Kabuki costumes du théâtre japonais » page 50)

Chez Ôtsuki Sama, nous avons longuement admiré cet extraordinaire costume en chanvre, coton, taffetas et satin de soie damassée de Kamakura Gongorô Kagemasa, le héros de la pièce « Un instant! » (Shibaraku), célèbre au Japon. Les manches se déploient comme des ailes, et le blason carré de la famille de l’acteur Ichikawa Danjuro y figure.

Le costume de cours de Aoi no Ue, personnage féminin du « Dit du Genji », (roman classique du XIème siècle), en taffetas de soie broché aux couleurs vives, reprend les décors de fleurs et de dragons.

Le kimono avec son manteau court à décors de pins sous la neige et un faucon est celui de Matsuômaru, le valeureux garde du corps qui défend son maître dans la pièce historique « Les secrets des écrits de Sugawara » (Sugawara Denju Tenarai Kagami), le pin étant symbole de constance et longévité. Ce costume gris est celui porté par la maison Otawaya.

Un superbe kamiko à décor de calligraphie, kimono en papier, est également présenté. Il s’agit ici d’un kamiko bicolore noir et lilas en washi froissé et teint. La doublure est en soie. Ce kamiko est celui de Fujiya Izaemon, personnage pauvre de la pièce « Lettres d’amour du quartier des plaisirs » (Kuruwa Bunshô), revêtu d’un simple kimono composé de lettres d’amours cousues ensemble.

Le Kabuki est depuis 2005 inscrit par l’UNESCO à la liste du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité.

Références et informations de ce billet issues du catalogue de l’exposition, « Kabuki, costumes du théâtre japonais » Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent

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